Décidément les Kirghizes sont un peuple des plus accueillant. Depuis que je suis arrivé à Osh, sans arrêt les kirghizes se démènent pour me rendre le séjour le plus agréable possible, aujourd'hui encore j'en ai eu la confirmation.
Ce matin, première surprise, mon chauffeur de taxi ayant eu un empêchement a demandé à son père, Iliaz, de m'emmener à Kyzyl Kyia.
Bien sur nous ne parlions aucunes langues communes et le voyage c'est déroulé de façon assez plaisante en véritable dialogue de sourds où personne ne comprenait l'autre. Moi qui déjà me cramponnais lorsque j'étais à Moscou en voiture car la conduite des moscovites tiens du suicide...là c'est des deux mains que je me suis cramponné. Sur des deux voies, sa dépasse avec des voitures en facs, ça se rabat n'importe comment, déboite sans crier gare...la jungle à l'état pur et le tout sur des routes, que dis-je des routes, des nids de poules collées ensemble, des pistes avec ornières, des gravats déversés par ci par là pour essayer en vain d'égaliser le tout... Les techniciens de la DDE Kirghize n'ont pas du savoir que les routes étaient destiné non aux chevaux, ânes, vaches, poules et autres ovins et caprins qui traversent la route quand bon leur semble mais à des voitures !!

Arrivé à Kyzyl Kyia (sain et sauf...merci mon Dieu), j'avais rendez-vous avec une certaine Valentina Volkskaya, journaliste auprès du journal local. Elle avait accompagné des reporters autrichiens il y a quelques années qui étaient venu réaliser un reportage sur les camps de prisonniers autour de Kyzyl Kyia et elle était donc assez au fait des lieux historiques. Malheureusement elle non plus ne parlait ni l'anglais, l'allemand et encore moins le français !! A ma grande surprise nous nous sommes rendu au collège de la ville ou le directeur est venu en personne me saluer et à décharger de cours la seule professeur d'anglais de l'établissement qui nous a servi d'interprète. J'en ai été très touché...
Valentina nous a d'abord conduit dans un lieu assez à l'écart de la ville au bout d'un chemin à peine carrossable (tiens donc !!) au seul cimetière existant encore. En effet la ville ne cessant de s'étendre il ne reste plus guère de vestige des camps de prisonniers de guerre, heureusement des associations d'anciens prisonniers ont financé non seulement la construction d'un petit muret de protection autour d'un des cimetière mais également fait ériger des croix et stèle commémorative.
C'est très émus que j'ai découvert ce petit lieu d'inhumation. Il ne reste de visible que quelques 200 tombes matérialisées seulement par une petite levée de terre sans pierre ni croix individuelles. J'y ai versé un peu de la terre d'Alsace que j'avais emporté...
Après un petit moment nous sommes allé sur le site où s'élevait le camp de prisonnier, là aussi un petit espace rappelle la présence et surtout la mort des prisonniers de guerre détenu dans la région. Du camp plus aucun vestige, les maisons d'habitation ont tout recouvert. Notre dernière étape nous a conduit à l'une des anciennes mines de charbon où les prisonnier non seulement avec des outils rudimentaires abattaient le charbon mais devaient à dos d'homme l'extraire de la mine. Sous une voute en béton on peut voir s’enfonçant sous la terre un tunnel devenant de plus en plus étroit et sombre. Ici par de puits vertical et d’ascenseur, c'est en suivant depuis la surface la veine de charbon qui s'enfonce progressivement sous terre que l'on exploitait la houille
J'ai donc pu découvrir le cadre du calvaire de mon grand-père, les lieux de son agonie...
A propos, la terre et les rochers souvent de couleur rouge (Kyzyl) ont donné le nom à la ville.
Après avoir déjeuner ensemble dans un restaurant typiquement Kirghize, Valentina comme la traductrice nous ont quitté. Iliaz plutôt que de me ramené immédiatement à Osh m'a proposé d'aller voir une cascade dans une des vallées de la province. Ce lieu spirituel pour les musulmans appelé Abshyr-Ata est sensé guérir et réaliser des vœux.
En cours de route, Iliaz a appelé des amis qui posté ensuite au bord de la route m'ont offert en signe de bienvenu au Kirghizstan pain, beurre et bol de yaourt, une nouvelle fois j'ai été très touché par ces marques d’amitiés.
Au bout d'une piste difficilement carrossable nous sommes arrivé dans un défilé d’où à flanc de paroi sort un torrent qui se jette quelque mètres plus bas dans un réservoir qui alimente en eau la vallée. Là sous un abri sous roche, nous avons pris place sur une banquette recouvert de tapis traditionnels et un Imam a récité une prière.
Ensuite nous avons pris le chemin du retour. Me voyant somnoler Iliaz m'a proposer de goûter à une boule blanche et dure appelé "Kurut". Plus jamais !! cette boule qui normalement se mange arrosé de vodka ou de bière locale n'est pas du tout une friandise (je suis d'un naïf) mais fait de lait de jument fermenté, additionné de lait caillée et que l'on laisse ensuite longuement sécher pour obtenir cette consistance. En goutant ça j'ai bien cru que j'allais vomir...le Munster à côté c'est du petit lait !! Mais sur, ça m'a réveillé.
La course avec Iliaz, du matin 8h au soir 17h, m'a couté, tout compris moins de 35 € !!
En rentrant à l'hôtel n'ayant toujours pas de connection wi-fi on m'a donné une autre chambre et enfin je peux me connecter sans problèmes et j'y ai gagné en confort !!
Demain le fils d'Iliaz viendras me chercher à 10h pour me faire découvrir un autre coin du Kirghizstan...surprise !!